Bien préparer la saison de reproduction au niveau nutritionnel
Comme pour tous les chevaux, il est important de s’assurer que les chevaux d’élevage sont en état et en pleine forme physique. Pour atteindre cet objectif, l’aspect nutritionnel des choses doit être considéré avec soin. Sans une attention au détail dans ce domaine, les chances d’avoir un cheval ayant un niveau de santé optimal pour la reproduction sont diminuées.
L’étalon
Considérant l’étalon comme le premier élément du processus d’élevage, il est important qu’il soit en bonne santé avec un régime alimentaire lui permettant de subvenir aux activités de saillie qu’on attend de lui. Les besoins en nutriments vont changer durant la saison de monte, et les besoins d’un étalon sur cette période peuvent être comparés à ceux d’un cheval de compétition de haut niveau. Il est admis que durant une saison de monte normale, les besoins en énergie et nutriments de l’étalon peuvent augmenter jusqu’à 25% par rapport à ses besoins habituels.
Tout d’abord, s’assurer que l’étalon a un poids correct et est en état est essentiel. L’évaluation de l’état (sur une échelle de 1 à 10, allant de très fin à obèse) est une bonne façon de juger du poids de l’étalon (Demandez à votre vétérinaire de l’aide pour évaluer l’état si vous avez des doutes sur les critères à prendre en compte). Un étalon d’un poids insuffisant dont l’évaluation d’état est inférieure à 3 pourrait voir ses performances limitées par un manque de ressources énergétiques. Cela peut non seulement conduire à une piètre performance mais peut aussi affecter la quantité et la qualité de la semence produite. De la même manière, un étalon en surpoids dont l’évaluation de l’état est supérieure à 7 peut aussi voir sa fertilité compromise. Certains propriétaires d’étalons pensent qu’il est plus acceptable d’avoir un cheval en surpoids qu’un cheval manquant d’état, probablement en raison d’une notion subjective qui conduit à penser que la masse et la taille déterminent la qualité de la semence et le succès de la reproduction. En fait, il y a plus de chances de rencontrer des problèmes avec un étalon en surpoids qu’avec un étalon en insuffisance pondérale. La forme physique et l’endurance requises par un étalon devant saillir plusieurs juments durant la saison exige de grandes quantités de ressources pouvant être fournies par l’alimentation. En revanche, la surcharge pondérale peut contribuer au risque de problèmes cardiaques, arthrose et fourbure, sans oublier une baisse de libido.
Idéalement l’étalon devrait se maintenir dans un état évalué entre 5 et 6 durant l’année, mais peut bien entendu être susceptible de perdre de l’état durant la saison de monte en raison de la dépense d’énergie. Il faut adapter constamment la ration en fonction de son état.
Habituellement, l’approche classique pour augmenter la teneur énergétique de son régime alimentaire consiste en l’ajout d’amidons et de sucres comme du grain et de la mélasse. Cependant, le cheval a évolué pour ingérer et digérer principalement de la fibre, et tous les aspects de son système digestif vont dans le sens de ce principe. L’addition d’aliments contenant des taux d’amidon et de sucre élevés peut augmenter le risque de certains problèmes tels que des ulcères gastriques, obésité, résistance à l’insuline et fourbure, et peut faire chauffer le cheval à des niveaux au-delà de l’acceptable.
Il existe des méthodes alternatives pour apporter à l’étalon l’énergie dont il a besoin, sans augmenter les niveaux d’amidon et de sucre – la fibre est acceptée comme étant un facteur essentiel dans le régime alimentaire. Du fourrage de haute qualité additionné d’huile végétale comme l’huile de lin présente de nombreux avantages pour la santé, notamment de fournir des acides aminés essentiels que le corps n’est pas en mesure de synthétiser par lui-même, ainsi qu’une forme d’énergie à libération lente qui ne provoque pas les problèmes liés à l’amidon et au sucre. Eliminer les aliments problématiques et se concentrer sur un plan nutritionnel simple mais efficace en adéquation avec la charge de travail aidera énormément les étalons à fournir une excellente performance durant la saison de monte.
La poulinière
Les besoins de la jument sont similaires à ceux de l’étalon, sauf qu’elle aura différents besoins en termes de nutriments et d’énergie à différents moments de l’année. Contrairement à l’étalon dont les besoins sont divisés en deux stades (entretien et monte), la jument en a trois : entretien, gestation et post-natal. Ces stades nécessitent de petits ajustements sur son programme nutritionnel. Gardez à l’esprit qu’une grande partie de la santé générale est imputable à l’alimentation, et si elle ne reçoit pas les nutriments corrects, elle pourrait ne pas être en mesure de fournir la meilleure nutrition à son fœtus et/ou son poulain.
Le premier aspect à vérifier est de mettre la poulinière en bonne condition avant la monte. Idéalement, il faut qu’elle soit en bon état et en bonne santé si elle est vide, et si elle est suitée, elle doit s’être complètement remise de la mise bas et pouvoir nourrir son poulain sans problème.
Le corps de la jument sera sujet à beaucoup de stress arrivé aux derniers stades de la gestation, donc le travail initial pour s’assurer que la jument est en bonne santé et a une alimentation adaptée est primordial.
L’un des meilleurs moyens de s’assurer que la jument est en bonne forme physique est de faire une estimation juste de la jument sur l’échelle de 1 à 10 pour évaluer son état. Un score entre 5 et 6 est parfait.
Il est généralement admis que pour essayer d’augmenter la chance de conception la jument devrait voir ses apports nutritionnels accrus. Cela implique que la jument doit être nourrie avec une alimentation un peu plus riche dans les 2 à 3 semaines précédant la conception pour recréer les conditions de la poussée d’herbe printanière.
Durant les 8 premiers mois de la gestation de la jument non suitée, les besoins nutritionnels ne varient pas beaucoup comparé aux rations d’entretien habituelles, car l’objectif est de la maintenir en bonne forme physique. Très peu de nutriments additionnels sont nécessaires. Dans l’idéal les juments devraient recevoir jusqu’au 9eme mois de gestation environ 10% de protéines et les vitamines et minéraux qui sont habituellement nécessaires à son entretien. Cependant, si ces nutriments sont insuffisants dans la ration (plus particulièrement les protéines et la vitamine A), ou mal équilibrés, cela peut contribuer à des problèmes de perte d’embryon.
A partir de 8 mois de gestation, la croissance du foetus est rapide et environ 60 à 65% du poids foetal se développe dans les 90 derniers jours de la gestation. C’est à ce moment là que les besoins en énergie, calcium et protéines augmentent. Il est recommandé de complémenter en protéines, et une ration contenant environ 15% de protéine devrait être fournie durant cette période. Il est essentiel de répondre aux besoins en nutriments durant le dernier trimestre de gestation au profit de la poulinière et du poulain à naître. Le non respect de ces principes peut affecter la lactation et le poulain peut être d’un poids trop faible à la naissance. Il vaut mieux éviter un taux d’amidon trop élevé dans la ration de la poulinière en gestation, car il a été constaté que cela contribue à affaiblir la structure osseuse du poulain à naître.
La poulinière peut produire jusqu’à 3% de son poids en lait, qui est riche en énergie. Cela peut varier d’une jument à l’autre en fonction de ses capacités naturelles à produire du lait, et est influencé par les apports énergétiques de la nourriture, et de la quantité d’eau à disposition. Le besoin d’apport en nourriture augmente du stade initial de la production de colostrum jusqu’à la fin des 3 premiers mois de lactation. Les besoins en protéines sont également plus élevés sur cette période. Les autres nutriments qui sont importants durant la lactation sont le phosphore et le calcium, une carence pouvant conduire à une production de lait insuffisante.
Le poulain
Le poulain doit recevoir une juste quantité d’énergie et de nutriments, un déséquilibre pouvant résulter en des problèmes qui peuvent l’affecter le restant de sa vie. L’une des choses les plus importantes est de s’assurer que le poulain reçoit le colostrum de sa mère dans les 8 à 12 heures suivant sa naissance. Il contient les anticorps vitaux qui aideront à protéger le poulain des maladies infectieuses. Le lait de la mère sera la première source de nutriments et d’énergie dans les trois mois suivants, même si le poulain commencera à goûter à d’autres types d’aliments durant cette période. Ce n’est pas avant que la production de lait commence à baisser après 3 ou 4 mois, que le poulain aura besoin de nourriture autre que de la bonne herbe. Cet aliment doit fournir au poulain le bon équilibre d’énergie, nutriments et minéraux, afin d’assurer une croissance régulière et être une bonne source de tout ce dont le poulain a besoin. Il vaut mieux qu’un poulain grandisse lentement sur une plus longue période, que rapidement sur une courte période.
Aux alentours de 6 mois, le poulain est habituellement sevré, et cela peut causer plusieurs problèmes au niveau du régime alimentaire. Le sevrage cause beaucoup de stress à cause de la séparation d’avec la mère, ce qui peut affecter l’appétit. L’alimentation doit rester constante car tout changement de nourriture peut ajouter du stress à la période de sevrage.
Il est essentiel de s’assurer que de la naissance au sevrage, et ensuite dans sa première année, le poulain ne reçoive pas trop d’énergie par le biais de l’amidon. Trop de carbohydrates et d’énergie dans la ration peuvent conduire à des troubles de la croissance. Ce risque diminue généralement passé un an ou après que le poulain a atteint 90% de sa taille à maturité.
Il est crucial de fournir aux poulains du fourrage de bonne qualité, d’adapter la ration de concentrés à la qualité de la pâture, de vérifier leur état physique afin de surveiller la croissance, d’éviter les aliments à haute teneur en amidon, et de leur donner un apport équilibré en vitamines et minéraux, en accord avec la race et le type de cheval.