L’alimentation de l’équidé de sport
Nourrir un cheval ou un poney de sport s’avère être un challenge pour tout propriétaire car il faut tenir compte de plusieurs aspects. L’équidé doit être maintenu à poids constant avec des apports énergétiques et en nutriments équilibrés, par rapport à son activité, bien qu’il s’agisse d’un combat perpétuel au vu de toutes les variables qui affectent les différentes facettes de la vie et de l’environnement du cheval. Tout ceci rend la tâche de déterminer les besoins particulièrement ardue. Bien que finalement, le plus important est de garder à l’esprit qu’il faut nourrir le cheval de compétition avec ce qu’il est fait pour manger – comme un animal de son espèce !
Le système digestif du cheval est conçu être nourri en continu. Il n’est pas adapté à l’application du concept humain de 2-3 gros repas par jour. Si ce point est ignoré, de nombreux troubles peuvent apparaître chez votre cheval, indicateurs criants de la nécessité de changer votre façon de le nourrir.
Beaucoup de problèmes résultent d’une alimentation inadaptée – colique, fourbure, résistance à l’insuline, azoturie, ulcères… De plus en plus sont découverts alors que nous nous obstinons à nourrir les chevaux comme s’ils étaient des humains.
Idées reçues
De nombreuses idées reçues entourent le monde du cheval, dont beaucoup sont liées à l’alimentation du cheval de compétition. Ces idées reçues découlent souvent de l’opinion de tout un chacun, et n’y a malheureusement ni fondement ni logique derrière. Les causes primaires de ces mythes proviennent de toute évidence d’un manque total de compréhension de la nature des équidés, qui a malheureusement souvent lieu au détriment du cheval.
Voici quelques mythes qu’on retrouve dans le monde du cheval :
Les grains/céréales sont indispensables aux chevaux
Si vous demandez à des propriétaires de chevaux quel serait le meilleur moyen d’améliorer l’état et la vitalité de leur cheval, l’immense majorité d’entre aux répondra : « donnez-lui du grain ou des céréales ». Ceux-ci sont rapidement digérés et fermentés en acides gras volatils, qui produisent une montée rapide d’énergie, ce qui est très bien si c’est tout ce que vous attendez de votre animal. Mais il faut comparer ça à la libération lente de l’énergie fournie par les fibres, qui est elle en phase avec la nature du cheval, au vu de son évolution (Marlin, Nankervis, 2002). Donner de grandes quantités de céréales et grains peut s’avérer très problématique – non seulement les céréales sont une forme de carbohydrates qui est totalement inadaptée aux besoins du système digestif du cheval, mais c’est aussi la raison pour laquelle tant d’équidés sont « chauds » (Bishop, 2003). Ce mythe semble être le plus problématique de tous, car les propriétaires se trouvent souvent désemparés face à des chevaux qui présentent ce type de problèmes comportementaux, mais ne se demandent pas si ça peut être lié à quelque chose qu’ils leur donnent à manger. Les chevaux sont biologiquement conçus pour digérer les carbohydrates sous forme de fourrage et fibre, et les problèmes commencent souvent à apparaître dès que les humains se mettent à interférer avec les habitudes alimentaires du cheval en y ajoutant des ingrédients inadaptés. Si vous êtes à la recherche d’une source d’énergie ne présentant pas les problèmes liés aux céréales, l’ajout d’huile végétale à la ration sera bien plus bénéfique que les aliments contenant beaucoup d’amidon, cependant si la part d’huile excède 22% de la ration, une supression de la fermentation microbienne a été observée (National Research Council, 2007).
Les chevaux mangent ce dont ils ont besoin
Cela est vrai dans une certaine mesure, en ce qui concerne les besoins en sel notamment, car certains indicateurs métaboliques vont remonter cette carence au cheval. Cependant, si l’on met à disposition à volonté des aliments concentrés, cette idée reçue ne pourrait être plus éloigné de la réalité. Un cheval gourmant (ou n’importe quel cheval, en fait), se gavera avec joie de l’aliment concentré (rendu plus appétent avec de la mélasse) qui lui est présenté. Cette mauvaise interprétation des besoins énergétiques (ou mauvaise compréhension de l’alimentation équine) aura des effets négatifs sur le cheval et peut conduire à des coliques, fourbures, obésité et problèmes de comportement, entre autres.
Il faut donner beaucoup de protéines aux chevaux qui travaillent dur
L’état d’esprit que l’on retrouve communément ici est que lorsqu’un cheval (ou un humain), commence un entrainement soutenu, les besoins en protéines augmentent de manière drastique, car les fibres musculaires se construisent et se reconstruisent. Après des années de recherche, il se trouve qu’une augmentation aussi drastique des besoins n’est pas toujours avérée (Jackson, 2003).
Les protéines jouent indéniablement un rôle important dans le régime des chevaux – synthèse des structures protéiques dans le corps, synthèse des enzymes, hormones et protéines sanguines entre autres – bien que les propriétaires qui se contentent de donner beaucoup de protéines n’en tireront pas de bénéfices pour leur cheval, à moins que la totalité des aspects n’en soit présente. Ces aspects sont connus sous le nom d’acides aminés qui sont les blocs de construction dans lesquels les chevaux peuvent construire de nouvelles structures dans l’ensemble du corps. Il y a environ 22 acides aminés différents et leur présence à tous est nécessaire dans le corps pour que les interactions complexes puissent commencer. En somme, donner des protéines de haute qualité couvrant l’ensemble des acides aminés n’a rien à voir avec donner des protéines qui ne contiennent que peu d’acides aminés (Bishop, 2003).
Références
Bishop, R. (2003). Nutritional Fundamentals, The Horse Nutrition Bible. David and Charles, Devon. p. 158-9.
Jackson, S. G. (2003), Myths and Wives Tales of Feeding Horses. Kentucky Equine Research. (Internet)
Available from www.eques.com.au/health/july2003/myths_wivestales.htm [Accessed 20th January 2010]
Marlin, D. Nankervis, K. (2002). Feeding Performance Horses, Equine Exercise Physiology. Blackwell Science Ltd. Oxford. p. 265.
National Research Council. (2007). Fats and Fatty Acids, Nutrient Requirements of Horses. Sixth Revised Edition. The National Academies Press, Washington. p. 44.