Publié le 22 février 2018

Un aperçu du Syndrome des Ulcères Gastriques Equins (EGUS – Equine Gastric Ulcer Syndrom)

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On dirait que de nos jours beaucoup de chevaux sont victimes d’ulcères gastriques (ulcères à l’estomac). Cependant, cela ne fait qu’une vingtaine d’années que la plupart des cabinets vétérinaires sont équipés de longs endoscopes et que la prévalence réelle des ulcères gastriques a été mise au jour. Il est quasi certain que les chevaux souffraient d’ulcères gastriques avant que nous n’y regardions de plus près, mais certaines choses telles qu’une perte de poids inexpliquée, mauvais état général et comportement alimentaire anormal étaient bien souvent attribués à d’autres problématiques.

Le Syndrome des Ulcères Gastriques Equins (EGUS)

Le terme le plus approprié actuellement est Syndrome des Ulcères Gastriques Equins (Un syndrome est un groupe de symptomes qui arrivent constamment ensemble, ou un état caractérisé par un ensemble de symptomes qui y sont associés par opposition à une maladie qui est caractérisée par des symptomes spécifiques). EGUS englobe deux maladies : Equine Glandular Gastric Disease (EGGD) et Equine Squamous Gastric Disease (ESGD). Celles ci renvoient aux parties du corps où les ulcères surviennent. EGGD concerne les ulcères dans la partie basse de l’estomac, glandulaire, qui secrète de l’acide, alors que ESGD renvoie aux ulcères dans la partie haute (qui ne secrète pas d’acide) de l’estomac (recouverte par un type de tissu qu’on appelle épithelium pavimenteux)

Il semblerait que l’ESGD survienne principalement chez des chevaux dont la gestion implique la mise en box, de l’entraînement, du transport et des compétitions (par opposition aux chevaux qui évoluent dans un environnement peu stressant). l’ESGD chez les chevaux au travail semble être causé par des projections d’acide provenant de la partie basse de l’estomac (d’où la recommandation de nourrir le cheval avec des fibres avant le travail pour réduire les projections). l’EGGD semble survenir principalement en raison d’un retard de la vidange gastrique causé par d’autres maladies. l’ESGD et le EGGD peuvent donc arriver en même temps mais peuvent avoir différentes causes sous jacentes.

EGUS est il courant ?

L’occurence d’EGUS est généralement la plus faible chez les populations de chevaux de loisirs, et au niveau le plus élevé chez les chevaux de course (trotteurs et pur-sangs) à l’entrainement. Cependant, des occurences de plus de 60% ont trouvées dans plusieurs études portant sur des chevaux de CSO, d’endurance et de CCE.

Quels facteurs semblent augmenter le risque d’EGUS ?

La plupart des études n’ont pas démontré une association claire du risque d’EGUS avec l’age et le sexe cheval. Il est possible que certaines races, comme les Pur-Sangs, soient plus prédisposés à l’EGUS.

Les facteurs qui semblent accroître le risque de manière significative (facteurs de risque) que les chevaux soient sujets à l’EGUS comprennent :

  • Environnements stressants
  • La vie dans une zone urbaine
  • Absence de contact direct avec d’autres chevaux.
  • Absence ou forte limitation des sorties en pâture
  • Rationnement du fourrage
  • Ingestion de paille.
  • Faible apport en fibres.
  • Ingestion de fourrage « piquant », par exemple des fibres coupées dont les bouts sont durs et pointus.
  • Repas de concentrés de taille importante.
  • Teneur élevée en amidon.
  • Longs intervalles entre les repas.
  • Petit nombre de repas (2/jour par ex).
  • Accès intermittent à l’eau
  • Travail prolongé ou difficile.

Quels sont les signes qui peuvent être liés à des ulcères gastriques ?

  • Signes qui semblent indiquer des ulcères gastriques (une combinaison de signes suggérés par des études contrôlées, les expériences cliniques et la culture populaire)
  • Changement d’appétit
  • Cheval qui fait le difficile avec des nouveaux aliments, trie sa ration
  • Changement de comportement
  • Changement de comportement lors de la distribution de la ration
  • Perte de poids
  • Mauvais poil
  • Baisse de performance
  • Coliques
  • Signes d’inconfort abdominal
  • Tic à l’appui
  • Se cabrer
  • Ruades
  • Maux de dos
  • Diarrhée/Crottins mous
  • Grincement de dents
  • Défenses lors du sanglage
  • Baillements
  • Refus d’avancer

De tous ces signes, les plus fiables pour détecter l’EGUS comprennent :

Coliques – Des études indiquent que le risque de coliques est plus élevé chez les chevaux sujets aux ulcères gastriques. Dans une étude 80% des chevaux qui faisaient des coliques à répétition avaient des ulcères gastriques.

Baisse d’appétit et perte d’état – Au moins 3 études ont suggéré que le manque d’appétit ou les « caprices » avec la nourriture sont associés à un risque d’ulcères gastriques plus important. Chez les chevaux de course, un mauvais état général semble indiquer qu’il y a une grande chance que des ulcères gastriques soient présents.

Comportement – Les chevaux présentant des stéréotypies comme le tic déambulatoire, tic à l’air ou à l’appui, ou changeaient de comportement étaient plus susceptibles d’avoir des ulcères d’après 2 études distinctes. Les chevaux anxieux ont également plus tendance à avoir des ulcères.

Crottins mous – La diarrhée a été associée à un risque d’ulcères plus important dans une étude. Cependant, aucune autre étude n’a conclu à des résultats similaires. Le stress peut conduire à des crottins mous tout comme à des ulcères, mais il semblerait à l’heure actuelle qu’il n’y ait pas de connection directe entre ulcères gatriques et crottins mous.

Baisse de performance – Alors qu’il est est admis parmi les propriétaires et entraineurs des chevaux de course que c’est un effet important des ulcères gastriques, il n’y a que peu d’études qui ont examiné cet aspect. La meilleure démonstration que les ulcères gastriques ont un effet négatif sur la performance provient d’une étude lors de laquelle les chevaux ont reçu un traitement pour les ulcères gastriques.

Cette declaration de consensus du European College of Equine Internal Medicine (ECEIM) résume bien la difficulté à se baser uniquement sur des signes cliniques pour diagnostiquer des ulcers gastriques :

“Bien qu’une large variété de signes cliniques semblent être présents dans des cas individuels d’EGUS, ils ne sont pas spécifiques et ne sont pas systématiquement associés à la présence d’EGUS. Par conséquent le comité ne soutient pas un diagnostic d’EGUS basé uniquement sur les signes cliniques « caractéristiques » et recommande la confirmation d’EGUS par une gastroscopie… »

European College of Equine Internal Medicine Consensus Statement—Equine Gastric Ulcer Syndrome in Adult Horses. B.W. Sykes, M. Hewetson, R.J. Hepburn, N. Luthersson, and Y. Tamzali (2015).

Cependant, ceci étant dit, si votre cheval présente des facteurs de risque listés ci-dessus ainsi que plusieurs signes cliniques, plus spécifiquement : coliques, baisse d’appétit/difficultés à manger et/ou perte d’état et changement de comportement (plus particulièrement au moment des repas), on peut raisonnablement penser que des ulcers gastriques sont presents.

Diagnostic de l’EGUS

Un diagnostic définitif d’EGUS ne peut être fait que par gastroscopie ; le passage d’un endoscope – un tube avec une caméra par le naseau, dans l’œsophage jusqu’à l’estomac. Cependant, pour des raisons de coût ou autre, il arrive souvent que les chevaux suspectés d’ulcères gastriques soient traités avec des médicaments ou compléments alimentaires. Dans ces cas là, une amélioration après le traitement suggère que des ulcères ont été ou sont bien présents.

Que faire si vous pensez que votre cheval est sujet à l’EGUS

Si votre cheval a beaucoup de facteurs de risque de l’EGUS et montre plusieurs signes cliniques, la première étape serait de consulter votre vétérinaire pour discuter de la nécessité d’une gastroscopie ou non.

Article rédigé par :
Dr David Marlin
Consultant nutritionnel The Pure Feed Company

Traduit par www.purefeedfrance.com